Je ne fais jamais rien par hasard. Je prends le temps de peser le pour et le contre avant de me lancer. C’est ce que j’ai fait avant d’envoyer balader mon taf et de sauter dans le vide. Vide de mes certitudes, de mes habitudes, de mon confort, de ma vie sociale.

Après avoir travaillé pendant presque 30 années (oui, je suis née au siècle dernier !), j’ai décidé de me consacrer à mon rêve de gosse : écrire. Tu as bien compris qu’il s’agissait de vivre pleinement ce que la petite fille que j’étais (et que je suis encore maintenant sur pas mal de choses), voulait faire. Bon, c’est vrai qu’en fait, petite, je voulais être « vétérinaire-romancière ». Un métier qui n’a pas encore d’école, je crois que je tiens un concept ! Bref, la vie ne m’a pas donné l’opportunité, plus jeune, de réaliser ni l’une, ni l’autre de ces professions.

J’ai ensuite papillonné dans divers métiers, durant 7 années environ. J’ai fait pas mal d’entreprises, pas mal de boulots différents : serveuse, barmaid, hôtesse d’accueil, secrétaire, assistante juridique, organisatrice d’événements, chef d’équipe (dans le BTP, une belle aventure… musclée !), formatrice. Je me suis ensuite fixée dans l’informatique et j’y ai passée mes 20 dernières années.

Malgré un boulot exigent et TRÈS chronophage, je n’ai jamais cessé d’écrire. D’ailleurs, l’histoire d’Hazadef, je l’ai créée en 2005, reprise en 2009 puis, la vie m’a joué un sale tour. En 2010, j’ai fait un AVC. Je m’en suis sortie plutôt très bien comparé à d’autres, mais j’ai surtout pris le temps d’essayer de comprendre ce qu’il s’était passé dans ma vie pour que mon corps m’envoie un signal aussi violent.

Ce que j’ai compris, c’est que j’étais un véritable buvard émotionnel. Malgré le sentiment d’être en contrôle, de gérer ma vie de business-woman / mère célibataire, chaque agression, chaque échec, chaque onde négative ou positive… Je stockais tout.

J’ai donc décidé de lever le pied professionnellement. J’ai changé à nouveau de boite, de région, de vie. Mais rapidement, mes anciens travers de bosseuse ont repris le dessus, et je suis retombée dans le stress, des journées de 15 heures, 5 heures de sommeil, etc. Sauf que contrairement aux années précédentes, j’étais consciente de replonger et j’en étais effrayée. Mon corps a continué de m’envoyer des alertes, que je n’ai pas écouté. Du coup, il a, à nouveau, frappé fort : il m’a envoyé une petite tumeur. Une toute petite cellule dégénérée qui m’a fait vivre un enfer durant 5 mois. Une nouvelle fois, je me suis posée pour réfléchir à ce que je devais faire.

Bizarrement, la seule réponse évidente qui m’a sauté au pif, c’était de finir mon roman ! J’ai donc écrit le premier tome d’Hazadef durant tous mes weekends, mes vacances, et quelques nuits. Je n’ai pas pour autant levé le pied au taf, mais je sentais que l’évasion dans ce monde imaginaire me permettait d’évacuer. Le changement avait commencé ! Lorsque je suis arrivée au bout de ce premier tome, j’étais extatique ! Je voyais enfin clair. Je n’en pouvais plus de ce rythme effréné, je ne supportais plus la violence ordinaire au boulot. Tu sais, les petites réflexions mesquines, les injustices du quotidien, les personnes toxiques qui se greffent à toi jusqu’à ce qu’elles aient obtenu ce qu’elles voulaient..

Forte de cette motivation : vivre ma passion et m’éloigner de cette violence, j’ai écrit le second tome avant de lâcher mon job, bien payé, bien sécurisé. Je sais que la plupart de mes amis pensent que je suis frappée du bocal (je crois qu’ils n’ont pas tout à fait tort !), même si la plupart ne me le disent pas. Je le perçois à travers des blagues, de gentilles moqueries et je le comprends. Il y a encore 3 ans, j’aurais pensé comme eux.

Pour avancer dans mon projet, il me fallait donc me tourner vers des personnes qui évoluaient dans cet univers. Pour des raisons évidentes d’édition, de promotion, je me suis d’abord tournée vers les éditeurs, les journalistes et les chroniqueurs littéraires. Pour les deux premiers, il y a ceux qui ne répondent même pas quant à ceux qui le font, c’est rarement bienveillant, mais ça, je m’y étais psychologiquement préparée. C’est juste que bon, pas de bonne surprise ! Bon, OK, je tempère… C’est rare, mais ça arrive de pouvoir avoir un vrai échange avec un éditeur même si c’est pour dire qu’il ne retient pas ton livre. Ces discussions, c’est toujours de l’eau à mon moulin.

Quant aux chroniqueurs-euses littéraires, je vais les classer en deux catégories, très simples : les sérieux et les autres ! C’est simple, je te l’avais dit !

Les sérieux sont celles et ceux qui ont réellement lu ton livre. Ils l’évaluent objectivement et leurs remarques sont précieuses, qui m’aident à m’améliorer, à être plus exigeante avec moi-même et avec mes personnages ! J’ai d’ailleurs gardé contact avec la plupart de ces personnes car je leur ai découvert un point commun : le respect. Respect de leur travail, de leur passion avec une réciprocité fabuleuse. La plupart de ces lecteurs-ices / analystes font ça par passion, bénévolement et ont un boulot à côté. Beaucoup écrivent également et ont donc conscience de l’effort que représente l’écriture d’un roman. Malgré tout, sur leur temps libre, ils lisent, chroniquent, conseillent, accompagnent. Ce don de soi est précieux dans notre société et je les en remercie (souvent en direct mais là encore, à travers ce billet).

Enfin, les chroniqueurs autres. Je ne vais pas passer trop de temps car ils en consacrent si peu aux livres. Leurs chroniques sont en général pompées sur d’autres déjà postées ou une copie du 4e de couverture ponctuée de quelques écriture fluide, personnages attachants, belle aventure. End. J’ai même eu le cas d’une chronique tellement copiée sur une autre, que mon évaluation de celle-ci sur le site n’a pas été totalement positive. Pour se venger, cette personne a mis des notes de merde sur d’autres sites pour le même livre. Autant te dire que je n’ai même pas chercher à en comprendre les motivations, elles étaient limpides. J’ai juste black-listé.

Dans ce cheminement de partage avec d’autres, je me suis aussi abonnée à des fils d’actualité littéraires. Espérant faire de belles rencontres, avoir des échanges entre passionnés, des créatifs. Il y en a quelques-uns, certes mais je constate à quel point certains réseaux sociaux sont sclérosés par la malveillance.

A l’heure où les auteurs-es cherchent à faire reconnaître leur métier, à être payés justement, à pouvoir vivre de ce qu’ils produisent, ils se déchirent. Certains débats m’intéressent, et j’ai failli plusieurs fois participer mais j’ai été freinée par mon passé. Rappelle-toi, l’une de mes motivations était de fuir la violence ordinaire, je ne vais donc pas revenir dans l’arène !

Ce qui me touche, c’est de constater que la vindicte populaire atteint physiquement celles et ceux qui tentent de défendre leur point de vue. Il y a, depuis quelques jours, des écrivains-nes qui expliquent s’être rendus malades à la lecture de posts haineux. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’ils écrivent, mais il ne me viendrait pas à l’idée de leur sauter à la gorge. Dans la vraie vie, ça reviendrait à se mettre des bourres-pifs chaque fois que l’on pense différemment. Cela étant, ça durerait moins longtemps pour la plupart !

Je suis bien placée pour comprendre que le corps réagit face à la violence, à sa façon et je suis navrée de lire, encore ce matin, que le corps de certains-nes se sent obligé d’envoyer des signaux forts de saturation.

La violence est un choix pour celui qui en fait l’usage. Ce n’est pas toujours le cas de celui qui subit. On peut juste s’en prémunir, tenter de la laisser à la porte de chez soi. Si cela passe par se couper de certains médias, il faut le faire.

Après tout, si on frappe à ta porte et qu’une voix sourde demande « Sarah Connor ? », tu ne vas pas ouvrir, non ?

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