Si tu es auteurice auto-édité·e, tu connais probablement la plateforme Simplement Pro qui permet de proposer tes livres pour qu’ils soient chroniqués. C’est un site que personnellement j’aime beaucoup car très pratique, plutôt bien fait et qui est très adapté aux petits auteurs ou ME sans attachés de presse. Hélas, ça commence à devenir une véritable foire à la saucisse (expression so 1900) ! Je m’explique.

Qu’est-ce qu’une chronique littéraire ?

Commençons par ma définition ou plutôt les raisons qui me poussent à proposer mes livres gratuitement. Il s’agit de demander un avis objectif et argumenté sur son ouvrage. C’est une critique qui sera destinée à accompagner la promotion puisque les chroniqueurs vont la diffuser sur différents médias (sites spécialisés, sites de ventes, leur propre blog, page FB etc.).

Quelles sont mes attentes sur les chroniques de mes livres ?

Ma toute première attente va te paraître étonnante mais elle consiste à ce que mon livre soit lu par le ou la chroniqueur·euse. J’avais déjà pointé du doigt dans un précédent billet les fainéants qui font des copier-coller des chroniques des autres ou qui se contentent de trois phrases généralistes sans intérêt.

S’adresser donc à des personnes sérieuses permet d’obtenir le Graal à savoir une chronique objective et argumentée. Il ne s’agit pas d’une bêta-lecture puisque l’ouvrage est déjà passé par là. Mon livre est un objet, une création, ou toute autre dénomination, bref… quelque chose que je vends et qui doit me permettre de gagner ma vie. En ce sens, il va plaire à certain·e·s et pas à d’autres. J’ai besoin de comprendre ce qui séduit ou ne séduit pas. Pourquoi ? Parce que ça va m’aider à cibler mes promotions notamment lorsque je paie pour de la publicité.

Cela signifie donc que j’accepte les critiques négatives comme positives, les deux me sont utiles. Un intérêt court-terme pour promouvoir mon livre, long-terme pour mes projets à venir. L’idée derrière ça est de ne pas me fourvoyer : si je veux être lue, je dois me plier aux exigences et aux goûts de mon futur lectorat et pour ça, je dois en connaître les attentes.

Sous quel format est-ce que je propose mes livres en chronique ?

Jusqu’à présent, les deux. Je propose aussi bien du papier que du numérique. Pour les chroniqueurs·euses avec qui je travaille depuis le début, c’est systématiquement du papier que je dédicace également.

Quelles sont les retombées économiques d’une chronique ?

Pour le moment, je constate qu’une chronique positive n’influe pas sur mes ventes, donc, disposer d’un avis favorable sur les sites marchands, c’est toujours bien, mais ce n’est pas ce qui fait le succès commercial. D’après les campagnes réalisées ces dernières semaines, le bouche-à-oreille amène davantage de curieux·euses prêt·e·s à se lancer, les avis sont donc là pour rassurer les hésitants, ils ne feront pas venir (ou très faiblement) de nouveaux acheteurs.

Pour ton information, le coût d’une chronique en format papier inclut :

  • Le prix du bouquin (tarif auteur ou tarif normal si envoi direct par le site marchand, ce qui est parfois plus intéressant car ça évite les frais postaux)
  • L’envoi par la poste (prix moyen 8 euros pour la France, de 12 à 18 euros pour les pays frontaliers)

Donc, ça représente un certain budget que personnellement je prévois dans mon enveloppe promotion.

Pourquoi est-ce que je trouve que ça devient la jungle ?

Voilà ce qui m’amène à faire ce billet : les dérives de ce système vertueux.

Sur la plateforme, je vois arriver (par vagues) des personnes (note que je ne dis pas chroniqueurs) qui proposent qui réclament des livres (exclusivement en papier) contre une chronique.

J’ai fait un test dernièrement : pendant deux semaines, j’ai proposé un bouquin (Lola) en format uniquement numérique. Résultat = 1 demande de chronique. Je l’ai ensuite passé en format numérique ET physique. Résultat = je croule sous les demandes pour le papier.

Ce ne serait pas dérangeant si la qualité était au rendez-vous, car comme on l’a vu, l’envoi papier est coûteux. Et c’est là que ça devient n’importe quoi.

La plupart de ces profils ont une page Instagram, pas de blog, pas de compte sur les sites spécialisés comme Booknode ou Babelio. Je les appelle les GMFB (give me a free book).

Un compte Instagram sur lequel ils postent aussi bien les photos des livres reçus que leur dernière manucure ou nappe ambiance Provence câline (à dire avec l’accent du sud). Quant aux chroniques (quand il y en a), elles se limitent à quelques phrases bateau de la meuf ou du gars qui n’a pas lu, trois lignes avec tellement de fautes que ça fait saigner les yeux.

Ce qui compte pour ces zozos : obtenir plus de freebooks et de followers en montrant qu’ils reçoivent moult livres et qu’ils sont donc sérieux.

Le fait que derrière, il soit question d’auteurs professionnels qui ont travaillé dur, payé des correcteurs, mis une partie du budget promotionnel dans cet envoi leur passe au-dessus du cigare. Pire, tu dois presque les remercier qu’ils aient fait une photo ou une story avec ton livre, ingrat·e que tu es !

Alors, non.

Non aux demandes de bouquins gratuits déguisées en offres de chroniques.

Tu trouves que j’exagère ? Voici trois exemples de demandes reçues pour Lola (j’ai gardé les fautes, volontairement) :

  1. Je cherche un livre pour me changé les idée : Une chronique est une démarche professionnelle d’analyse d’un ouvrage pour les raisons exposées plus haut. Tu veux mon livre pour te changer les idées ? Achète-le, en plus, ça me fera plaisir !
  2. Je pense que ce livre sera parfait pour l’été : Alors pareil que ma réponse 2.
  3. C’est intrigant et j’ador la romance : Alors, si tu avais pris la peine de lire le descriptif, tu aurais su que ce n’est pas de la romance puisque le sujet du bouquin est clairement énoncé.
  4. Je lis depuis que je suis toute petite et jaurais bientôt un conte insta » : C’est très bien de lire, bravo ! Mais ça ne fait pas de toi une chroniqueuse littéraire qui aura la capacité d’analyser l’intrigue, les personnages, le style narratif, les cohérences, le rythme etc.

La 4ème catégorie est la plus répandue puisque ça vient de la tendance de tout noter, comme nous l’ont appris les émissions télévisées. Du genre : j’ai déjà dormi, je peux dire si tu as bon goût en décoration. Je m’habille tous les jours, je peux juger si tu sais t’habiller. J’ai déjà eu un rhume, je peux dire si le masque et la chloroquine sont utiles contre la covid. J’ai déjà lu un livre, je peux te dire si tu sais écrire.

Alors, non ! Non ! Et non !

Dans ce cas, il s’agira ni plus ni moins d’un avis de lecteurice, pas d’une chronique et donc, je ne vais pas te payer un livre pour ça. Déso mais pas déso.

Pourquoi je m’énerve ? Parce que j’ai perdu du temps, beaucoup de temps ! J’ai commencé par analyser les demandes reçues, j’ai cherché les autres chroniques, j’ai répondu gentiment, j’ai refusé, j’ai réorienté sur d’autres auteurices ou bouquins de mon cru par rapport à ce que je comprenais des goûts. Genre, ça me prenait mille ans ! Alors, j’en ai eu ras-le-bol.

Je me suis retrouvée avec des demandes de SP en attente que je ne traitais plus car d’une part, j’en avais trop et d’autre part, je ne voulais pas refuser à tort une personne qui faisait ça avec sérieux et qui était sincère. Je te le dis tout de go : la récré est finie ! Je vais toutes les refuser et retirer les SP physiques.

Ma décision est donc radicale : de base, je ne proposerai plus de SP physique, que du numérique ce qui fera un premier tri. Je couple ma démarche avec la constitution d’une liste de chroniqueurs·euses dont j’apprécie le travail et à eux/elles seulement, je proposerai des exemplaires papier contre une chronique.

Et pour tous les touristes et autres piques-assiettes, voici mes recommandations lectures pour la rentrée : Tu veux travailler dans l’édition ? Tu veux devenir journaliste ? Sans oublier les fondamentaux pour que tes prochènes kroniks serons tro bien de ouf 😀

Je veux toutefois pondérer ce coup de gueule par le fait qu’il existe d’excellents comptes Instagram de chroniques littéraires. Tout n’est pas à jeter. Ces pépites mixent des analyses sérieuses avec de très belles images et ces profils sont des bulles de bonheur.

Tu noteras que la colère m’a fait ressortir des expressions ou mots du siècle dernier, et ça, c’est bien !

3 commentaires

  1. Alors là, je te comprends totalement ! Quand je vois certains profils sur SimPlement qui ont une cote de popularité incroyable alors qu’ils se contentent de paraphraser le résumé sur trois paragraphes, j’ai un peu de mal à suivre. Et je pense effectivement que l’option papier doit t’amener pas mal de profiteurs, d’autant qu’il y a finalement peu d’auteurs qui le proposent.
    Concernant les demandes, j’avoue qu’avec le nombre limité de lectures autorisées à la fois sur SimPlement, je n’ai que très rarement l’occasion de fureter moi-même sur le catalogue, je reçois suffisamment de demandes d’auteurs pour remplir mon calendrier. C’est un peu injuste dans la mesure où ça force l’auteur à passer pas mal de temps en auto-promo, mais je crois que c’est majoritairement comme ça que ça marche sur cette plateforme !
    Bref, heureusement que tu repères ce genre de comportement, ça fera du bien à tes économies !

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    1. Consacrer du temps à l’auto-promo, ce n’est pas ce qui me dérange puisque j’ai fait le choix de l’AE, j’en accepte donc les avantages comme les inconvénients. Après, en ce qui te concerne, tu es dans ma short-list des blogueurs·euses littéraires dont les analyses sont riches d’enseignements, qu’il s’agisse de mes livres ou non d’ailleurs. C’est une mine d’informations, conseils etc. très utiles pour avancer 😉

      Aimé par 1 personne

      1. Et je suis honorée d’en faire partie, j’avoue que recevoir mon exemplaire papier dédicacé, c’est un réel plaisir ! Merci beaucoup pour ta générosité 🙂 D’ailleurs je vais de ce pas me plonger dans ton dernier !

        Aimé par 1 personne

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